VA veut refaire le match21/02/2008 - 09:39 Par Yannick SAGORIN
De Sports.fr
Ce qu'il convient désormais d'appeler l'affaire Ouaddou a connu mercredi un nouveau rebondissement sous l'impulsion du président valenciennois. Déterminé à remuer ciel, terre et instances - sportives ou non - concernées par le dossier, Francis Decourrière a fait la demande lors d'une conférence de presse que soit rejoué le match de la 25e journée de L1 entre Metz et Valenciennes. Le commandant en chef de VA réclame "un geste fort" alors que ses homologues messins ne trouvent pas de justification à un tel remake. Dimanche dernier, la France des lumières se réveillait outrée, choquée, et surtout embarrassée par ce nouveau cas de racisme avéré lié au ballon rond. Grands pontes du football national, comme Frédéric Thiriez, le président de la Ligue, et éminents politiques, à l'image de Roselyne Bachelot ou Bernard Laporte, les préposés gouvernementaux à la Santé et aux Sports, tous tombaient des nues à la découverte de ce qui allait devenir l'affaire Ouaddou, scandalisés par les insultes à caractère racial proférées par un supporter messin à l'encontre du capitaine marocain de Valenciennes.
Opportuniste ou réellement sincère dans sa volonté de réagir, Francis Decourrière souhaite pour sa part aller au-delà de ces indignations contemplatives et de cette compassion stérile. Alors que le secrétaire d'Etat chargé des Sports promet des mesures pour éradiquer ce fléau des stades, le président de VA exige "
un geste fort plutôt que de se retrancher derrière un pseudo-règlement." Les textes en effet ne laissent que peu de chance à l'accomplissement de la requête de l'intéressé, lequel réclame ni plus ni moins qu'une nouvelle rencontre de championnat face à Metz. Ce alors que ses troupes se sont inclinées à Saint-Symphorien (1-2).
Pour répondre aux injures racistes, le code de discipline de la Fifa ne préconise qu'un simple retrait de points tandis que la Fédération française, malgré tout un arsenal de sanctions à son actif, n'a pas l'autorité requise pour prononcer un tel verdict. Aussi Francis Decourrière prévoit-il de mener son combat en haut lieu, jusqu'au faîte de l'Etat et même au-delà, pour obtenir réparation, lui qui estime son club triplement lésé: "
par les insultes, le gosse blessé (un enfant de neuf ans a dû être hospitalisé après le caillassage d'un bus de supporters valenciennois, ndlr)
et sur le plan sportif."
Molinari propose une alternativeLe président nordiste entend ainsi soumettre par une lettre solennelle sa doléance au président de la République, au président du Comité national olympique et sportif, au président de la Ligue nationale de football professionnel et au président de la Ligue des droits de l'Homme. Une missive qui ne devrait toutefois pas trouver l'écho escompté, du moins auprès de la seule LNF. Francis Decourrière, actuellement interdit de vestiaires pour outrage à arbitre, n'étant plus dans les bonnes grâces de Frédéric Thiriez.
En outre, le patron valenciennois a beau souligner le "
travail pédagogique" que permettrait ce remake qu'il souhaite jouer "
devant des enfants des écoles de Metz et de Valenciennes" - et pourquoi pas entre équipes de jeunes des deux clubs - les dirigeants lorrains, eux, s'opposent catégoriquement au projet. Si le président Carlo Molinari ne voit "
aucune raison objective ou réglementaire qui justifierait que ce match, dont le déroulement n'a été entravé d'aucune manière, soit rejoué", dans une réaction publiée sur le site officiel des Grenats, le directeur sportif Joël Muller, qui exprime par ailleurs ses regrets, déplore le manque de solidarité de Francis Decourrière.
Mercredi soir néanmoins, le président messin ne claquait pas la porte au nez de son homologue valenciennois et proposait "
l'organisation éventuelle d'une rencontre amicale en fin de saison, dont les bénéfices pourraient être reversés à un collectif d'organisations caritatives luttant contre le racisme". Pas forcément le geste attendu par Francis Decourrière mais assurément un engagement fort et sincère contre le racisme. A méditer...